1ère excursion dans les terres - Terjit - Atar
Nouvel article = nouvelles aventures, 1ère excursion dans les terres et 1ère oasis.
Rendez-vous en terre inconue - Terjit
La vie d'expat est fait de départ et d'arrivée, les départs des anciens se succèdent depuis mon arrivée, leur temps ici est révolu, une nouvelle vague de VI/expat arrive au fur et à mesure. Ces départs entrainent beaucoup de fêtes mais également des regrets de chacun de ne pas avoir suffisamment visité ce pays et c'est comme ca que j'ai pu me greffer sur une visite à l'intérieur du pays.
Destination ==> L'oasis de Terjit et ses alentours.
Mon 1er départ à l'intérieur des terres et à l'extérieur de Nouakchott, 1er départ avec notamment les différentes contraintes imposées: obligation de trouver 2 véhicules avec l'ensemble des passagers clairement identifiés (Nom, prénom, paseport, numéro de permis et numéro de plaques pour les conducteurs), itinéraire à définir clairement en tenant compte des temps de pause, faire une demande papier au chargé de sécurité contresigné par mon responsable sur place 7 jours avant le départ, présence d'un guide fortement souhaité...
Toutes ces contraintes n'entament pas notre motivation et notre envie de découverte. Réponse positive de la demande, tous les voyants au vert, il y a plus qu'à...
L'itinéraire sera simple Nouakchott => Akjoujt => Terjit soit 4h de route dans un bon état général (Akjoujt étant la ville du président). Après un départ quelque peu retardé (démarreur enclenché avec une pierre, achat d'eau, d'essence, pain de sable...), on commence à sortir de la ville pour aller vers notre 1ère étape.
Et là: plus rien, le désert, le vrai, celui où il fait chaud et où il n'y a rien sur des dizaines de kilomètres alentours hormis quelques camions hors d'age et quelques villages qui agrémentent notre trajet et des gens qui marchent sur le bord de la route en faisant du stop et en espérant un arrêt d'un camion ou d'une voiture mais peu importe, le temps qu'ils passeront là à marcher en plein cagnard, Dieu est avec eux et si il le souhaite, ils avanceront avec une voiture. Les paysages varient un peu, les couleurs des dunes également, le défilé des villages et hameaux continuent et avec ca des questions me viennent: qu'est ce qui poussent les gens à rester là, loin de tout, loin de tout le confort moderne, de l'eau courante, de l'électricité, de commerces? Que font ces gens de leur journée, loin de toute activité économique traditionnelle? Ou encore de manière plus pragmatique, comment et que mange t'il, le 1er magasin ou même jardin potager se trouve à des dizaines de kilomètres?
Entre temps j'ai eu quelques réponses, ces personnes sont soit bergers avec quelques bêtes à surveiller ou le plus souvent ils vivent de petits boulots (par exemple: ils creusent des trous pour récupérer des coquillages pour le béton), vont en ville soit quotidiennement ou le plus souvent partent pour la semaine gagner un peu d'argent pour la famille. L'eau est stocké dans des bâches à eau qui leur permets d'avoir une réserve. Cette eau est ainsi stockée sans mouvement pendant quelques temps, avec les problèmes sanitaires que ca peut engendrer. La nourriture stockée est principalement constituée de denrée facilement entreposable et non périssable (ex: riz, lentille...)
1er arret Akjoujt
Voilà, notre 1er véritable arrêt après 3 bonnes heures de route en plein désert. Nous voilà enfin arriver à Akjoujt (prononcé Akjouche). Nous retrouvons un semblant de ville qui présente le seul intérêt d'être à mi-chemin de Terjit et nous permets de nous arrêter pour manger le midi, faire une pause thé (ou prière), une pause pipi et nous ravitailler en boisson. La ville en elle-même semble être à l'arrêt avec son ancienne mine de cuivre à l'abandon et sa carrière qui tourne au ralenti, un des signes de modernité que l'on peut voir cependant et qui frappe c'est la présence de lampadaire à LED avec des panneaux solaires intégrés pour éclairer la route. Comme je vous l'ai écris plus haut cette ville est la ville de naissance du président actuel et par conséquent, elle bénéficie de quelques avancées supplémentaires. L'idée du LED est intéressante sur le principe mais mettre un mat tous les 5m de part et d'autre de la route, à moins d'être à Vegas et ne jamais nettoyer les panneaux, je vois pas trop l'intérêt...
Après s'être arrêté à une dibiterie (découpe de viande) nous allons sous une tente (khaima, prononcé raïma) avec un peu de moquette au sol, des matelas pour se reposer et manger tranquillement. Nous nous déchaussons (jamais de chaussures sur les tapis où dans une khaima!), le 1er des 3 thés nous est servi, entre temps notre guide choisi les morceaux de chèvres qui seront débités et qui nous serons servis. La viande est entreposée à l'extérieur et sans être réfrigéré, là on se dit que si on ne choppe pas une bonne diarrhée (ou pire) on sera très chanceux!!! Un quart d'heure plus tard, la viande est prête à manger. Et petit supplément pour le gout, ce sera mangé avec les doigts et pour compliqué le tout, on mange uniquement avec la main droite, la main gauche étant réservée aux choses impures.
Au menu: Chèvre et baguettes, oui pas de légumes, ca sert à rien! Ce pays est un pays de viandeux, la culture du légume en accompagnement est vague alors quand on leur parle d'être végétarien, on passe un peu pour des extraterrestres...
Et bon appétit biensûr!
Verdict:
La viande de chèvre c'est pas mauvais du tout, c'est moins fort que du mouton, un peu gras mais pas mauvais. Et le top c'est qu'on a pas été malade, la viande avait été tué ce matin et était encore "fraîche" du coup.
Le temps de se nettoyer un peu les mains, reboire le thé et on repart avec pour destination finale Terjit
Atar - Terjit
Et c'est reparti pour une nouvelle route, légèrement plus défoncé que précédemment mais restant globalement en bon état. Après avoir passé un des nombreux checkpoints routiers (plus d'une quinzaine à l'aller), nous commençons à toucher au but et arrivons dans l'Adrar avec ses montagnes et on a un peu le sentiment d'être dans un western spaghetti avec ses montagnes et ses couleurs. Et surtout ce silence, aucun bruit humain, seulement le bruit du vent, rien d'autre, on est seul au monde.
Finalement, on arrive et là c'est un peu le choc. Après plusieurs de sable et de néant, on arrive là, de la verdure partout, on sent une certaine fraicheur dans l'air, il y a des petits cours d'eau partout dans l'oasis assurant ainsi l'irrigation, de l'ombre, une certaine forme de quiétude. Tout de suite, l'hotelier chez qui nous allons passer la nuit nous amène le thé, des amandes, des noisettes et des dattes, une sorte de reste de l'époque des caravanes. Nous passerons la nuit là, sous la tente après avoir mangé le repas confectionné par l'hôtelier. Mais d'abord on discute un peu, on se repose un peu de la route, on prend le temps de boire les thés, on décharge les voitures et après un certains temps, on se remet en route pour visiter un peu plus la vallée et voir un peu les alentours.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les alentours sont plutôt à l'abandon, avec la zone rouge toute proche et l'arrêt du Paris-Dakar qui passait tout à côté, la majeure partie des campings ou auberge sont définitivement fermés, seules restent ceux qui avaient une petite production de dattes où les natifs. Quant à la vue, je vous laisse juge:
Repas du soir: Couscous marocain, de très loin le meilleur que j'ai jamais mangé. Et comme le midi, on mange avec les doigts mais autant c'était assez facile avec la viande sur du pain, autant avec la semoule du couscous, l'opération est plus compliqué. En résumé c'est un vrai carnage, j'en mets partout sauf dans ma bouche. Après ce copieux repas (il en avait suffisamment pour compenser la perte), on continue à discuter autours d'un feu, en buvant du thé évidemment, et vient l'heure de se coucher. Et là dans une bêtise absolue, on parle de dormir à la belle étoile pour profiter de la plus belle nuit étoilée que j'ai jamais vu mais on a beau savoir que la nuit dans le désert peut être fraêche on y croit pas trop, grosse erreur... Mon sac de couchage était prévu pour minimum 10° et vu comment j'ai eu froid, on a dû tourné à 5-7° max, on s'est caillé comme jamais, c'était affreux et même la plus belle des nuits étoilé ne compensent pas ça. Et pourquoi ne pas rentrer sous la tente me demanderez vous? On était 5 mecs à vouloir dormir dehors, et personne a voulu craquer en 1er, fierté mal placé quant tu nous tiens...
Le résultat des courses est une nuit très courte (max 4h) mais un lever de soleil magnifique et un petit déjeuner au top qui nous permettent d'attaquer la 2ème journée dans de supers conditions.
Jour 2: Mhairith et Atar
Deuxième jour avec pour but une visite d'un autre oasis dans une vallée voisine et départ pour Atar dans l'après-midi pour y passer la nuit afin de faire une petite randonnée dans le désert le lendemain matin.
Du fait d'un accès compliqué, on est obligé de laisser la voiture de notre guide à Terjit pour éviter l'ensablement, du coup, on se retrouve à 8 dans un pick-up, 5 dans la cabine 3 sur la benne. Histoire de rigoler, je décide d'aller dans la benne et heureusement que le chauffeur évitait les nids de poules...
Après une petite heure de route on arrive sur site et la vue est à couper le souffle, l'oasis est enserré entre de falaises rocheuses ce qui fait que 'lon surplombe complètement la vallée mais du coup on doit descendre ces falaises pour accéder au village. C'est parti pour 15min de descente sur des roche en espérant ne pas y laisser une cheville. Notre guide en bon mauritanien est en tong, normal...
Prêt pour la descente
Une fois arrivé au village, c'est un autre choc, pour moi en tout cas. On a beau connaitre ces photos et sans vouloir faire dans le misérabilisme ou le moralisateur à deux balles, on les a tous vu mais quand on est confronté à la pauvreté et les conditions dans lesquels vivent ces gens, ca fait un réel choc et ca remet un peu les choses en ordre. Ces gens sont loin de tout, les vêtements sont usés au delà de tout, loin de touts le conforts modernes, les ordures et déchets sont jetés au bas de la dune, créant une décharge à ciel ouvert au pied du village. Bref, j'arrête là, ca fait trop moralisateur et cliché et ce n'est absolument pas le but recherché.
Malgré cela, nous sommes accueillis par les gamins avec des sourires immenses et tout content de voir des gens et un peu d'activité autre au village. Le plus drole je crois était de voir comment dès lors que l'on prenait en photo un gamin les autres s'agglutinaient pour que nous les prenions tous en photo et pour leur montrer après ces photos. Mon plus gros regret est de ne pas avoir été mis au courant par nos guides que nous allions dans un village pour ramener quelques bricoles ou des gateaux pour les gamins, nous nous sommes pointés dans le village, tous les gamins nous demandaient des petits présents et qui ne comprenaient pas trop pourquoi on avait rien à donner (il était hors de questions de donner de l'argent aux gamins pour ne pas les habituer à mendier).
Après une petite balade dans l'oasis (avec mini 5 gamins par personne) et une tentative de descente de dune en luge, nous tombons sur le médecin du village qui gère "l'hopital" du coin et qui veut bien nous montrer ses locaux. Comme pour le village, la comparaison avec ce que l'on connait est sans appel, leur installation est d'un autre age, la salle d'accouchement est dans un état catastrophique, je commence à comprendre le haut taux de mortalité à la naissance du pays (56 décès pour 1000 naissances).
La salle d'accouchement
la salle d'observation médicale
Je ne vais pas vous faire le coup de "en voyant ca, je vais changer" et toute la clique de cliché qui vont avec mais une chose est sûr, c'est que ce que j'ai pu voir me fait réellement réaliser la chance que j'ai eu de vivre en Europe et en particulier en France avec un système de santé qui n'est pas parfait mais qui permet à chacun de venir se faire soigner relativement facilement.
Je vous rassure, en me lisant vous pouvez penser que ca nous a tous filé le bourdon et tout mais non, ca nous a fait réaliser des choses mais ca reste pour moi un très bon moment du week-end surtout avec les gamins.
Bref, après ca on s'est remis en route, on a récupéré la voiture, direction Atar, chef lieu de l'Adrar, ville où a résidé Jacques Chirac quant il est venu en Mauritanie (tous les Mauritaniens en parlent encore ici). La ville a rien d'exceptionnel, c'est une ville typique mauritienne avec son marché couvert, ses boutiques, ses petits mécaniciens partout, ses militaires/gendarmes qui circulent un peu partout. Nous arrivons à l'hotel vers 15h après avoir été cherché un tiéboudienne (riz au poisson, plat typique sénégalais) que nous avons partagé tranquillement à l'ombre de la khaima, autour d'un bon thé. après avoir somnolé un peu, nous sommes repartis tous en ville pour permettre à notre guide de cuisiner un tajine pour le soir. Celui-ci afin de nous garantir des prix décents, nous a demandé de rester chez un "ami" à lui le temps qu'il fasse les courses nécessaires. Nous attendons donc là quelques temps avant d'aller acheter des foulards (histoire de parfaire le look de touriste).
Après cela nous rentrons à l'hotel, nous nous installons dans la khaima, discutons tranquillement jusqu'au soir tout en préparant le repas, celui-ci est pris tranquillement sur les banquettes, nous continuons à discuter, en buvant le thé (encore). Vers minuit, exténué, je décide d'aller me coucher quant un ami d'un des guides arrivent avec un couscous de dromadaire (la spécialité mauritanienne). Du coup, pas le choix, on est "obligé" de faire honneur au plat et le manger, ca implique remanger seulement 2h après notre dernier repas... On continue à manger à la main, (on a pas utilisé de fourchettes de tout le week-end), c'est très bon, un peu gras mais bon. A la fin du repas, j'ai juste l'impression d'avoir pris 15 kilos. Un petit concert improvisé de notre guide et nous allons nous coucher vers 2-3h du matin. Au top pour pouvoir aller faire une petite randonnée dans le désert le matin.
Jour 3: Randonnée et retour
Réveil le lendemain matin un peu difficile mais super opé pour la rando, on prend le petit déjeuner tranquille, certains vont faire réparer les pneus de la voiture et on est à taquet pour marcher 2-3h dans le désert sauf que si nous nous sommes prêt, le temps moins.
Eh oui de février à avril, c'est la période des vents de sables et des tempêtes, en l'occurrence là on se retrouve au milieux d'une tempête de sable où on ne voit plus à 20m, résultat, on est obligé d'annuler la rando par mesure de précaution, ca pourrait être dommage de se perdre dans le désert. Du coup, on reste à l'auberge en attendant le repas du midi (dromadaire: bosse et abats accompagné de baguettes), on fait des tests de turbans (mode touriste: on) et on rentre dans l'après-midi avec un temps assez particulier, digne des scènes de Star Wars sur Tatooine.
Le retour se fait donc tranquillement avec toutefois une petite crevaison pour la voiture de notre guide en fin d'après-midi.
Et voilà pour ce 1er week-end mauritanien.
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